Eglise d’Orsières

Orsières

Les informations ci-dessous sont en partie extraites d’un projet pilote réalisé en 2019, co-financé par le Canton (Nouvelle Politique Régionale), la HEP, la HES-SO Valais et les communes d’Orsières et d’Evolène, appelé « Classes en action ».

Le projet met à l’honneur le travail des classes sur un thème patrimonial et vise à sensibiliser les enfants à l’importance du patrimoine et de la culture pour qu’ils en deviennent les meilleurs passeur de culture ».

L’église a été érigée sur le site actuel, au centre de la commune, dans ce qui était probablement au Moyen Âge, un village fortifié. Au fil des siècles, elle a subi de profonds changements architecturaux, démolitions, agrandissements, transformations, destructions et améliorations jusqu’en 1996.

L’Église primitive

Selon certains chercheurs il est possible qu’à Orsières, il y ait eu un sanctuaire primitif entre 850 et 950 mais sa position n’est pas encore certaine.

L’église romane

La première église de style roman, était accotée à l’est du clocher et orientée vers Jérusalem et à l’extérieur se trouvait le cimetière du village. La position de l’église était très particulière par rapport au tissu du village qui s’est développé vers le nord. Elle était de modeste dimension et était dédiée aux saints Pantaléon et Blaise. Cette information vient d’une bulle papale des papes Grégoire IX et Nicolas III.

Dans la bulle papale d’Honorius IV de 1286, il est précisé que l’église est dédiée à Saint Nicolas depuis 1278.

Nous ne savons pas comment elle était décorée à l’intérieur mais elle accueillait un certain nombre de pierres tombales. La partie plus intéressante est le clocher avec des arcs en plein cintre. Son plan mesure 5m15 pour 5m10 avec, à son dernier étage, trois séries d’arcatures ogivales sur chaque face et au-dessus une flèche en pierre. Des sculptures animales en forme de gargouilles décorent la façade sud.

En 1497, une nouvelle église, plus vaste, avec des voûtes en bois, est consacrée. On démolit le vieux sanctuaire, à l’exception du chœur semi-circulaire qui deviendra chapelle latérale et peut-être, une partie du bas-côté nord qui servirait de corridor pour accéder au clocher.

A l’intérieur de l’église plusieurs autels sont consacrés à des saints, dont Saint Jacques, et équipés des reliques de Saint Théodule et de Sainte Catherine. En 1499, un autel a été consacré à Saint Michel et en 1545 à Saint Eusèbe.

La troisième église

En 1896 un nouveau bâtiment plus grand est construit pour des raisons de sécurité, l’ancien étant trop petit pour accueillir l’ensemble de la population.

Pour y parvenir, de nombreuses demandes ont été faites, la première par Monseigneur Roten, mais au final cela a pris plus de 30 ans pour aboutir à sa construction. Lors de la visite de Monseigneur de Preux en 1862, la demande de construction d’une nouvelle église fut renouvelée, mais ce n’est qu’en 1865 qu’une autorisation fut signée, par l’initiative du Vicaire Jean-Pierre Lovay.

Après diverses vicissitudes, l’église fut construite vers 1896. Elle mesure 35 mètres de longueur, 20 mètres de largeur.

Cette église est de style gothique tardif à trois nefs, reposant sur des fondations en granit. Les nervures du plafond sont de couleur ocre et en tuf. Elles ont été créées par l’architecte Joseph de Kalbermatten de Sion. Le baptistère et la chaire ont été classés monuments historiques.

L’horloge du clocher a été installée en 1893 et a coûté 1400 francs.

Le cimetière à été déplacé au-delà de la rivière en 1869.

Restauration du bâtiment après 100 ans

Le soir du 6 janvier 1958 un incendie se déclare dans le chœur de l’église. Une commission a été mise sur pied pour sa remise en état et la direction des travaux fut confiée à Pierre Fever. Les travaux durèrent jusqu’en 1962 et changèrent considérablement l’intérieur de l’église.

En 1996, à l’occasion du centenaire de l’église, d’autres travaux ont été entrepris, comme la création de marches pour accéder à la sacristie et la construction de la rampe extérieure pour les handicapés.

La façade

En regardant la façade principale, on peut remarquer le style roman, elle est divisée en trois et chacune correspond à trois vaisseaux.

Le portail d’entrée sur les côtés est en tuf avec un arc brisé. Au-dessus du portail, on peut voir une mosaïque de Paul Monnier. Dans la façade il y a une grande rosace centrale au-dessus de laquelle il y a une petite croix. Sur les côtés, on peut voir les contreforts.

Le clocher

Le clocher a été défini comme l’un des plus beaux monuments de tout le Valais, de style roman surélevé probablement au XIVe siècle. La partie la plus ancienne est le premier étage, où il y a un arc en plein cintre. Le clocher abrite six cloches sur trois niveaux différents.

Les plus hautes ont été placées en 1813 et dédiées à Sainte Maria Luisa et Saint Napoléon. Au niveau intermédiaire, il y a celles dédiées à Saint Nicolas et Sainte Ursule datées de 1727 et refondues en 1883. La plus ancienne date de 1732 et est dédiée à la Vierge Marie. Au rez-de-chaussée du clocher se trouve un local étonnamment conservé. Ce niveau est complètement séparé du reste du clocher et est accessible depuis le chœur de la première église. Autrefois, il servait probablement de sacristie ou de petite chapelle.

Cela pourrait expliquer, selon les historiens, la présence d’une niche extérieure appelée “La messe de Saint Grégoire”, une fresque réalisée autour du XVe siècle, très spéciale et inhabituelle.

La messe de Saint Grégoire

Le pape Grégoire Ier était aussi appelé “le Grand”, ce qui signifiait saint. Parmi les épisodes légendaires de sa vie, particulièrement célèbre est la représentation de la “Messe de Saint Grégoire”. La scène raconte le moment de la consécration eucharistique de saint Grégoire le Grand (540-604), un jour de Noël, dans la basilique romaine de la Sainte-Croix à Jérusalem.

L’événement miraculeux est l’apparition du Christ au pape, avec les stigmates d’où coule le sang, qui est recueilli dans un calice. Cet épisode, semble-t-il, selon diverses versions, s’est produit lorsque l’une des personnes présentes à la Messe a douté, et selon d’autres, du Pape lui-même, de la transsubstantiation.

La fresque est divisée en deux scènes : à gauche, saint Grégoire présente l’hostie assistée de deux petits diacres; en haut, un ange volant tenant les tiares papales au-dessus de sa tête; à droite, le Christ de piété avec la tête inclinée et les mains croisées, représenté en demi buste [La messe de Saint Grégoire du clocher d’Orsières G. Cassina].

La représentation du corps mort du Christ est formée dans le monde byzantin à partir de la définition de l’Humiliation Sumo et en Occident, avec le Christ de Pitié ou « Imago Pietais ». Cette iconographie est devenue particulièrement d’actualité au cours du XVe siècle. L’image du Christ sortant du tombeau est parfois flanquée d’anges.

“Les bras du Christ ont été représentés de différentes manières, croisés devant le corps, pour imiter la manière dont les cadavres étaient déposés dans le tombeau, ou ouverts et grands ouverts, ou dans le geste de « l’ostentatio vulnerum », ou avec la main droite sur la blessure du côté… “[Gallori 2011, pp. 20-21, note 5].

L’orgue

Il a été construit pour la première fois en 1916 par Carl Männedorf. En 1962 un nouvel orgue a été fabriqué par manufacture d’orgues Kuhn AG, Männedorf.

La chaire

Dans l’ancienne église, la chaire était située contre le mur sud. En 1896 elle a été déplacée vers le nord et fixée à une colonne devant le chœur. Elle se compose d’une statue de Samson soutenant une cuve. Samson est représenté un genou à terre, l’autre fléchi, les mains levées de chaque côté de la tête pour supporter le poids de la cuve. Cette statue, taillée dans un tronc de noyer, n’a jamais été peinte. La cuve est décorée sur chaque face, encadrée de petites colonnes et de têtes d’angelots ailés. Elle semble dater des années 1735-1740. Le sculpteur Jean-Baptiste Bozzo, présent à Orsières ces années-là, pourrait en être l’auteur.

Les fonts baptismaux (1691)

La cuve est en pierre, de plan octogonal. Son couvercle est en noyer sculpté. Le corps principal est décoré de fruits, de têtes d’anges et de feuillages. Au-dessus, un édicule composé de huit arcades abrite les statuettes de Saint Jean-Baptiste et du Christ. La couronne surmontée d’un globe et d’une croix rappelle un toit à coupole.

Saint Nicolas

Saint Nicolas est une figure populaire dans l’hagiographie chrétienne. Canonisé, il a été proclamé protecteur de nombreuses nations. Il est probablement né à Pàtara di Licia, en Asie Mineure, l’actuelle Turquie, entre 260 et 280.

Issu d’une famille noble et chrétienne, il a été élu évêque pour ses dons de piété et de charité, très connus depuis son enfance.

Sa renommée est universelle, documentée par des églises et des œuvres d’art, des institutions et des traditions liées à son nom. Il y a très peu d’informations sur sa vie. Selon certaines légendes, il accomplit un miracle après l’autre, par exemple en arrachant miraculeusement trois officiers de la torture ou en préservant Myre de la famine. Il aurait aussi calmé une tempête en mer et ressuscité trois enfant.

Nicolas est mort le 6 décembre, probablement en l’an 343, dans le monastère de Sainte-Sion près de Myre, et déjà alors on disait qu’il faisait des miracles. Cette croyance s’est répandue après sa mort, grâce au grand nombre de légendes qui se répandent en Orient. Ses restes ont été conservés jusqu’en 1087 dans la cathédrale de Myre en Turquie. Le culte de Saint Nicolas s’est répandu dans le monde entier.

Dans l’Eglise orthodoxe russe, Saint Nicolas est représenté dans les églises comme la troisième icône, avec le Christ et Marie avec l’Enfant.

A New York, il s’est répandu grâce aux colons hollandais (il est en fait le protecteur de la ville d’Amsterdam), sous le nom de ‘Sinterklaas’, Santa Claus (abréviation de Sanctus Nicolaus)

Saint-Nicolas représenté avec les 3 enfants

Selon une première version, le fait s’est produit pendant que Nicolas se rendait au Concile de Nicée. Il s’est arrêté dans une taverne et on lui a présenté un plat de poisson, du moins selon les dires de l’aubergiste. Nicolas, divinement inspiré, a remarqué que c’était de la chair humaine à la place. Appelant l’aubergiste, il exprima le désir de voir comment ce “poisson” était conservé. L’aubergiste l’accompagna près de deux petits tonneaux remplis de la viande salée des trois enfants qu’il avait tués. Nicolas se mit alors en prière et la chair des trois enfants fut recomposée, les enfants sautant joyeusement hors des barils. La prière de Nicolas conduisit l’aubergiste à la conversion, même s’il avait d’abord essayé de cacher son méfait.

La deuxième version de la légende ne parle pas d’enfants, mais des élèves. Un noble d’un village près de Myre devant envoyer ses enfants à Athènes pour poursuivre leurs études leur dit d’aller à Myre pour aller chercher la bénédiction de l’évêque Nicolas. Comme ce dernier était absent, ils n’ont pas pu le rencontrer et, le soir arrivant, ils ont cherché une auberge. En les voyant riches, l’aubergiste est entré la nuit dans leur chambre et les a tués, en prenant leurs précieux vêtements.

Non satisfait, il mélangea leur chair avec d’autres viandes salées, pour les donner aux clients. (Vita di San Nicola di P. Gerardo Cioffari)

Le lendemain, Nicolas, divinement averti, se rendit chez l’aubergiste pour lui poser des questions sur la chair qu’il servait à ses clients. L’aubergiste lui a montré la viande qu’il avait conservée, ajoutant qu’elle était bonne à manger. Le Saint a béni ces viandes et les trois élèves sont revenus à la vie. Par la prière, l’aubergiste se repentit et promit de mener une vie vertueuse. Les trois élèves, comme s’ils se réveillaient de leur sommeil, prirent leurs affaires et reprirent leur voyage vers Athènes.

Saint Nicolas et les trois petits sacs

Saint Nicolas est souvent représenté dans diverses peintures avec trois petits sacs. Selon la légende, Nicolas sauve les filles. Les textes disent qu’un père avait des filles en âge de se marier et qu’en voyant que ses filles étaient marginalisées parce que la famille était tombée dans une misère extrême, il voulait faire un geste désespéré.

Nicolas ayant eu connaissance de ce drame familial a décidé d’intervenir de la manière suggérée dans l’Évangile : “Quand tu fais l’aumône, ne joue pas de la trompette devant toi, comme le font les hypocrites dans les places, pour être honorés par les hommes. Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste secrète, et ton Père qui voit en secret te récompensera” (Matthieu, VI, 2-4). Saint Nicolas, agissant avec prudence, recueillit dans un linge une quantité suffisante de pièces d’or, le jeta secrètement par la fenêtre dans la maison de cet homme, et retourna rapidement chez lui. Le lendemain, l’homme, en sortant de son lit, trouvant au milieu de la maison le paquet d’argent et pleurant de joie, émerveillé et étonné, il rendit grâce à Dieu.

Le vitrage de l’église de Saint-Nicolas

L’église Saint-Nicolas possède de nombreux vitraux, dont certains sont de style néo-gothique.

En 1896, l’architecte Joseph de Kalbermatten, appelé à restaurer l’église, a demandé à des peintres verriers de Fribourg, Kirsch et Fleckner (médailles d’or en 1900, à l’Exposition universelle de Paris) de créer de nouveaux vitraux pour l’église. Les artistes créent deux vitraux dans le chœur, l’un dédié à “Saint Nicolas de Myre” et l’autre à Saint Bernard. Les personnages sont en scène dans une fenêtre à remplages surmontée d’un décor néo-gothique. Les verrières sont des grisailles.

La grisaille est la technique de peinture des anciens vitraux médiévaux. Ce sont des verres opaques, légèrement colorés, selon une technique différente de celle du vitrail. Les tesselles de verre soufflé qui composent le verre sont peintes à la main avec des oxydes métalliques et ensuite cuites au four à des températures d’environ 650°C. En 1918, un banquier, Alfred Tissières, commande des vitraux pour l’église d’Orsières, réalisés par Ernest Biéler et François de Ribaupierre (1919). La fenêtre illustre trois épisodes de la vie de Saint Jérôme.

Entre 1958 et 1962, l’église d’Orsières a fait l’objet de nombreuses restaurations, dont la restauration des vitraux de l’artiste valaisan Paul Monnier (1907 Montana-Vermala – 1982 Carouge), en deux étapes dont la première a consisté à refaire les vitraux du chœur, où les nouveaux vitraux ont été placés avec Saint Nicolas de Myre (miracle des trois enfants) et Saint Bernard.

Il a recours à des dalles de verre enchâssées dans un treillis de béton.

Les vitraux de Paul Monnier (1907-1982)

Objet de nombreuses restaurations dont celle de l’artiste valaisan Paul Monnier, en deux étapes, dont la première a consisté à refaire les vitraux du cœur, où les nouveaux vitraux ont été placés avec Saint Nicolas de Myre (miracle des trois enfants) et Saint Bernard.

A l’autre extrémité, la grande fenêtre circulaire qui éclaire la tribune montre une Vierge à l’enfant entourée d’anges musiciens.

Les neufs vitraux des bas-côtés, en verre teinté enserré dans des baguettes de plomb, illustrent la nativité du Christ au nord et la descente de croix au sud. Les sept vitraux restants illustrent les sacrements. A gauche en entrant, on reconnaît:

1. L’onction des malades: résurrection de Lazare, le sablier, la mort tenant la faux et le phénix qui renaît de ses cendres.

2. La pénitence: Marie-Madeleine lavant les pieds du Christ, les tables de la Loi et la même sainte, en repentante, avec un crâne comme attribut.

3. Le baptême: Jean le Précurseur baptise le Christ dans les eaux du Jourdain, la colombe du Saint-Esprit et le poisson, qui est l’ichtus grec, symbole du christianisme.

4. L’eucharistie: repas d’Emmaüs, le sacrifice de la croix, une gerbe de blé et une grappe de raisin.

5. La confirmation: Pierre harangue la foule après la Pentecôte; près de lui les Ecritures et la lampe de la foi vigilante.

6. L’Ordre: le Christ lave les pieds de Pierre; les armes pontificales et le vaisseau symbolisent l’Eglise.

7. Le mariage: la Sainte Famille est représentée ainsi qu’Adam et Eve.

La nouvelle chapelle du Bienheureux Maurice Tornay (2021)

Au sommet de l’église d’Orsières, à gauche, une magnifique nouvelle chapelle dédiée au Bienheureux Maurice Tornay a été inaugurée le dimanche 12 septembre 2021 en présence de Monseigneur Jean-Marie Lovey, évêque de Sion.

Luminosité, beauté, lignes épurées en harmonie avec la surface restreinte, ambiance chaleureuse propice au recueillement ont trouvé leur place au sein de cette chapelle moderne décorée de citations du Bienheureux.

Le tout est en outre magnifiquement mis en valeur par les vitraux représentants Saint-Nicolas, patron de la paroisse et Saint-Bernard, patron des montagnards.

Le projet retenu fait suite à un large appel de projet auprès de plusieurs bureaux d’architecture. Il répond aux impératifs architecturaux du lieu. L’ambiance intérieure rappelle le langage et le style de l’église. Grâce à un éclairage subtil l’ambiance est chaleureuse et il n’y a aucune surenchère avec l’église principale.

L’espace dédié au Bienheureux Maurice Tornay (2021)

En entrant par la porte côté ouest (cure), vous découvrirez une série de tableaux exposant les différentes étapes de la vie du Bienheureux:

  • 1910 – 1025: Enfant de la Rosière
  • 1925 – 1031: Interne au collège de Saint-Maurice
  • 1931-1935: Chanoine au Grand-St-Bernard
  • 1936-1945: Misionnaire aux Marches tibétaines
  • 1938: Prêtre pour l’Eglise
  • 1945-1946: Curé à Yerkalo
  • 1946-1949: Martyr au Tibet

Ouverture : Comme l’église soit 7h – 20h environ.

Bonne visite à chacun.

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