Alors que les visiteurs se promènent dans les ruelles pittoresques de ce lieu enchanteur, ils ne peuvent s'empêcher de ressentir l'aura de l'histoire qui imprègne chaque pierre de ce village alpin. Depuis la fin du 1800, Champex-Lac a été le témoin silencieux de changements qui ont façonné son caractère unique et en ont fait le bijou montagnard qu'il est aujourd'hui.
Dans cet article, nous allons plonger dans l’histoire fascinante de Champex-Lac, en mettant en lumière les moments clés qui ont contribué à créer cette destination montagnarde prisée. De ses origines modestes à son statut actuel de retraite paisible au cœur des Alpes, découvrons ensemble les évolutions qui ont forgé l’âme de ce village de montagne.
Les origines
En 1850, à l’arrivée des premiers voyageurs chaussés de solides souliers à Champex, le village tel que nous le connaissons aujourd’hui n’était encore qu’un simple mayen. Daniel Crettex et François Biselx, bergers estivant leur troupeau dans les prairies de Champex, se distinguaient en tant que “chaletaires” accueillant ces pionniers. Ils partageaient généreusement du pain de seigle, du fromage et du vin de Fully, offrant aux visiteurs un lit de paille dans la grange pour la nuit.
La société anonyme de l’Hôtel-Pension du Lac ne fut fondée qu’en 1886, et l’établissement ouvrit ses portes en 1890, après de longues années de travaux. À l’époque, l’hôtel se distinguait comme un authentique établissement 3 étoiles, offrant un grand salon chaleureux agrémenté d’une cheminée, des repas chauds, des cuvettes et brocs en porcelaine finement décorée, ainsi qu’un système de chauffage centralisé, alimenté par un chauffe-eau, qui permettait aux hôtes de profiter du confort rare d’un bain chaud.
Les hôteliers établis à Champex, animés par une saine émulation visant à surpasser leurs voisins, ont entrepris des travaux d’amélioration de la station. Ils ont mis en place un système de chauffage central, inauguré le premier court de tennis, et érigé un débarcadère. Ce n’est qu’en 1911 qu’un syndicat a sollicité de la commune d’Orsières l’ouverture d’une enquête publique pour toute demande d’autorisation de construire, démontrant ainsi un souci marqué pour le développement esthétique de la station.
À cette époque, Champex-Lac compte neuf hôtels distincts, offrant plus de 500 lits pour accueillir les visiteurs.
En route pour champex
Au début des années 1900, les routes menant de Martigny et d’Orsières à Champex étaient praticables uniquement en char. Des tarifs variés étaient proposés aux voyageurs, avec un trajet de 2 heures depuis Orsières et de 3 heures et 30 minutes depuis Martigny.
Après de nombreux efforts et contretemps, le Conseil d’État a inauguré en 1926 la route des Valettes, désormais accessible en voiture. Ce n’est qu’en 1929 que la Commune d’Orsières a entrepris et inauguré la construction de la route Orsières-Champex. Les deux routes sont désormais praticables pour les véhicules motorisés, marquant ainsi l’avènement des autocars à Champex.
La vie mondaine
La vie était magnifique à Champex au début des années 1900. Chaque hôtel appelait ses hôtes à table à l’aide d’une cloche ou d’un gong d’Extrême-Orient, pour des repas servis à des heures fixes. Au menu, mouton rôti, bouilli, côtelettes, un festin digne de l’élite de l’époque, accompagné par des orchestres engagés en commun par les hôteliers.
“L’Afternoon Tea” était à la mode, pris d’abord à Champex d’en Haut, puis au Signal, et à l’Alpina qui organisait des thés dansants. Plus loin, dans le Val d’Arpette, les tartes aux myrtilles devenaient un incontournable !
La soirée du 1ᵉʳ août était l’événement mondain de la saison, avec feux d’artifice, illumination du lac, dîner de gala et bal, accompagnés d’une fontaine de champagne jusqu’aux petites heures du matin. La vie mondaine à Champex-Lac était à son apogée.
Hôtels et chalets ont entrepris d’équiper le lac de cabines d’essayage, de toilettes publiques et d’une plage à accès libre. Cependant, malgré ces nouvelles infrastructures, elles n’ont pas réussi à réchauffer l’eau du lac, dont la température oscille entre 14 et 17 degrés, ce qui n’est pas idéal pour le tourisme balnéaire. Ainsi, en 1960, la société d’aménagement sportif a mobilisé des fonds pour la construction d’une piscine chauffée, offrant un cadre idyllique.
Le jardin botanique Flore-Alpe
En 1923, M. Aubert, le créateur du Jardin Botanique Alpin tel que nous le connaissons aujourd’hui, posa les pieds à Champex-Lac. Passionné par le paysage, M. Aubert acquit le chalet “La Sapinière” cette même année, dédiant progressivement un hectare à ses plantes alpines chéries. En 1954, des graines rapportées d’un voyage au Népal trouvèrent un environnement propice à Flore-Alpe, attirant ainsi plus de 3000 plantes du monde entier vers le jardin botanique.
Avant son décès en 1967, M. Aubert créa une fondation ayant pour objectif de perpétuer l’activité botanique du domaine en le maintenant ouvert au public, tout en encourageant la recherche botanique dans les Alpes.
La famille Freudenberg
La famille Freudenberg a joué un rôle crucial dans le développement du village de Champex. Tout d’abord, en 1905, la famille a construit le chalet de l’Ile, qui appartient toujours aujourd’hui à la famille Freudenberg. Ensuite, Monsieur Hermann F. a pris en charge l’aménagement du sentier du Belvédère et du Petit Plateau à ses propres frais. Suite à son décès, ce sont ses enfants qui se sont engagés à perpétuer la tradition en créant des sentiers forestiers dans la région. Ils ont tracé le sentier des “Trappeurs”, le sentier des “Hauts-Spins”, “Le Devin”, et enfin “Les Chavrettes”.
Le début du tourisme hivernal
Suite à l’ouverture des pistes de ski de Verbier en 1947 et à l’installation du télésiège de Medran en 1950, le comité d’initiative de Champex-Lac décide d’équiper la station d’un télésiège. S’adressant à Rodolphe Tissières, concepteur du télésiège de Medran, il concrétise le projet du télésiège de La Breya, inauguré en 1952 avec un capital de 130’000 CHF.
Le télésiège de La Breya s’associe aux remontées mécaniques de Verbier, qui, en quelques années, érigent d’autres installations à Champex : en 1969, le télésiège de La Breya, en 1970 le télésiège du Revers, en 1979, le télésiège de La Breya II, et en 1981 une nouvelle installation de La Breya I. Téléverbier investira environ 4 millions de francs dans la région.
En 1993, Téléverbier vend Téléchampex, qui faisait partie de ses actifs. Cette décision s’inscrit dans une période où Téléverbier a cherché à recentrer ses activités et à se séparer de certaines de ses filiales afin de consolider son domaine principal, notamment celui de Verbier, au sein des 4 Vallées.
Champex-lac un havre de paix
Champex-Lac, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est un havre de bien-être, une destination prisée des familles et des personnes de tous âges. À Champex-Lac, on se reconnecte avec la nature et on découvre la montagne. C’est un lieu privilégié où l’on peut se retirer du tumulte de notre époque et renouer avec l’essentiel, en trouvant un équilibre apaisant entre sérénité et aventure.
Le livre
Plongez dans l’histoire fascinante de Champex-Lac à travers le livre “Champex“, disponible dès maintenant dans notre boutique en ligne.
Ce livre vous offre une immersion complète dans les origines de Champex-Lac, vous dévoilant tous les détails sur la création de ce lieu emblématique. Vous y découvrirez également les récits passionnants de la construction des cabanes d’Orny et de Trient, ainsi qu’une exploration approfondie de l’évolution des remontées mécaniques de la station. Enrichi de nombreuses photographies captivantes, ce livre retrace l’histoire de cette destination touristique unique avec une richesse de détails et de visuels qui sauront vous transporter.
Un remerciement spécial au Fonds Chappuis à Photo Elysée pour nous avoir permis d’utiliser quelques-unes de leurs photos d’archive réalisées par Pierre Auguste Chappuis.