Delphine Darbellay : la promesse montante du ski

Nichée au cœur des montagnes du Valais, La Fouly est bien plus qu'une station pittoresque. C'est un berceau de talents, et parmi eux, une étoile montante brille particulièrement : Delphine Darbellay. À seulement 22 ans, cette jeune athlète originaire de la région fait déjà parler d'elle sur les pistes de ski alpin. Entre passion, travail acharné et amour pour son village natal, Delphine incarne la nouvelle génération de skieurs suisses. Dans cet entretien exclusif, elle nous parle de ses débuts sur les pistes de La Fouly, de ses inspirations, et de ses ambitions pour l’avenir. Une rencontre empreinte de simplicité et de détermination, à l’image de cette championne en devenir.

Parlez-nous de votre amour pour La Fouly : qu’aimez-vous y faire et pourquoi cet endroit est-il si spécial pour vous ?

La Fouly, c’est là où je me sens chez moi. Synonyme de paisibilité et d’authenticité, cet endroit me permet de me ressourcer d’une vie parfois intense, entre entraînements, compétitions et trajets. La Fouly est pour moi aussi, et ce depuis toujours, mon terrain de jeu et d’entraînements favori. Et ce, que ce soit dans la poudreuse, sur les pistes de ski et de ski de fond ou encore dans l’exploration des sommets en hiver comme en été.

Quel est votre objectif principal pour les cinq prochaines années, que ce soit sur le plan sportif ou personnel ?

Au niveau sportif, mon objectif pour ces cinq prochaines années est de m’établir en Coupe de Monde. En commençant par gagner ma place de départ, puis me faire une place dans le top 30 pour ensuite progressivement atteindre l’élite mondiale en Géant. Simultanément, je viens de commencer des études universitaires en psychologie. L’objectif sera donc d’obtenir mon Bachelor. En général, je souhaite pouvoir continuer à concilier toute mes passions et activités, et surtout d’être heureuse.

Ressentez-vous de la peur ou de l’anxiété dans le portillon de départ avant de vous lancer dans une descente ? Comment gérez-vous ces émotions ?

Que ce soit en descente ou dans les autres disciplines, il y’a toujours une certaine peur ou anxiété, liée à la performance, à la pression ou au danger réel de la piste. J’ai plusieurs fois vécu des moments où je me suis laissé submerger par ces émotions et je n’ai pas réussi à montrer le ski que je sais faire. L’appréhension de ces émotions est un travail mental important. J’apprends à accepter ces émotions parce qu’elles font partie du jeu. Ces émotions sont normales et il faut être conscient qu’elles n’empêchent pas la performance, au contraire, elles apportent de la concentration et de l’énergie.

Quelles sont vos méthodes pour rester concentrée et motivée pendant une saison de compétition aussi intense ?

Il y’a toujours des haut et des bas durant une saison, que ce soit au niveau de la performance ou de la motivation. Mais ma passion pour ce sport et l’envie d’aller chercher le meilleur de moi-même, font que je suis toujours relativement motivée. Mais pour moi, c’est aussi important de savoir se déconnecter du monde « ski de compétition » quand je suis à la maison. Des activités comme le ski freeride, la grimpe, voir mes amis, le dessin ou même mes études, me permettent de repartir en course ou entraînements avec les ressources nécessaires.

Est-ce motivant d’avoir un voisin comme Daniel Yule, et comment cela influence-t-il votre préparation ou votre vision du ski de compétition ?

Oui bien sûr, c’est inspirant car d’une certaine façon il montre que c’est possible et c’est une motivation de vouloir suivre son exemple. Et c’est également une fierté pour moi de représenter le ski club Champex-Ferret avec un athlète comme Daniel Yule. Ensuite, je ne pense pas que ça influence ma préparation car à Swiss Ski les hommes et les femmes ne s’entraînent jamais ensemble et j’aime suivre mon propre chemin.

Quel est votre rituel ou routine avant chaque course ? Y a-t-il des superstitions ou habitudes qui vous accompagnent ?

Lors de chaque journée de course ou d’entraînement j’ai une certaine routine. Commençant par un court yoga/activation avant le petit déjeuner, puis du ski libre et reconnaissance du parcours et pour finir un échauffement avec des exercices précis avant de m’élancer dans la manche. J’ai pour habitude au départ de me rappeler mon plan de course, ensuite je fais le vide ma tête et je pars dans la manche avec un mot clé motivant. En revanche, je n’ai aucune superstition ni de rituel précis et indispensable.

Avez-vous un modèle ou une inspiration dans le monde du ski ou en dehors? 

Non pas vraiment, et je n’en ai jamais eu. Et bien sûr, beaucoup de personnes sont très inspirantes que ce soit dans le monde du ski ou en dehors, et dont j’écoute volontiers les conseils. Mais je pense qu’il n’y a pas une « bonne » façon de faire les choses et chacun doit trouver son chemin, j’essaie donc de me faire confiance.

Quels sont vos hobbys en dehors du ski ? Y a-t-il des activités qui vous passionnent autant que le ski ?

Il y’a beaucoup de choses qui me passionnent, mais le ski reste le numéro 1. J’adore voyager et découvrir de nouvelles cultures, j’ai la chance de pratiquer un sport qui me permet d’explorer l’Europe et le monde (en particulier ses stations de skis). J’aime aussi pratiquer toute sorte d’activité sportive, en particulier le ski freeride, la grimpe, le surf, le skate et des sports d’endurance. Dans un registre plus calme, dessiner ou écouter de la musique sont des activités qui me permettent de m’évader.

Est-ce votre maman ou votre papa qui vous a motivée à commencer le ski ? Quelle a été leur influence dans votre parcours sportif ?

Je dirais qu’ils ont plutôt dû me freiner. Étant née à côté des pistes de ski et ayant deux parents skieurs, naturellement, tout ce que je voulais c’était d’avoir des skis aux pieds alors que je savais à peine marcher. Le ski est longtemps resté « plaisir » et je n’ai commencé que plus tard à m’y intéresser de façon compétitive. Durant mon enfance, ils m’ont encouragé à pratiquer tout type de sport, ce dont je suis très reconnaissante car c’est ce côté poly-sportif qui fait ma force aujourd’hui.

Quels souvenirs gardez-vous de votre première victoire en Coupe du monde ? Quel impact cette victoire a-t-elle eu sur votre carrière et votre vie personnelle ?

Je ne pouvais pas rêver mieux pour une première expérience en coupe du monde. Étant passée pour tous les états émotionnels durant les 24h précédant la course, je suis fière du ski que j’ai montré. Après cette journée je me suis dit, oui ça en vaut la peine, et aujourd’hui l’envie de revivre des moments comme celui-ci est une source de motivation supplémentaire.
Et bien sûr, cette victoire par équipe est une expérience incroyable, mais maintenant l’objectif est d’atteindre ça en individuel.
Je ne pense pas qu’il y’a eu beaucoup d’impact sur ma vie, si ce n’est que je me suis fait connaître et que cela m’a offert de la visibilité. Au niveau ski, après cet évènement, j’ai dû être patiente et accepter de me laisser le temps de faire mon chemin via la coupe d’Europe.

Quel est votre premier souvenir sur des skis ?

Je n’avais même pas 2 ans la première fois que j’ai eu des skis aux pieds dans la station de ski de La Fouly. Mes parents pensaient que j’étais trop petite, mais j’ai tellement insisté qu’un jour mon parrain, sous prétexte d’aller faire une balade, m’équipa de matériel de ski et m’emmena faire une piste. Sans dire pourquoi, il appela mes parents pour qu’ils nous rejoignent. J’affichais le plus grand des sourires. Les matins suivants, j’ai réveillé mes parents en leur amenant mes nouvelles chaussures de ski. C’est sur les pistes que je voulais être !

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